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CHRONIQUES COMORIENNES
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11 octobre 2005

Jeûne, entre obligations religieuses et contraintes sociales

Nous en sommes aujourd'hui à notre septième jour de jeûne et on ne peut pas dire que cela soit des plus faciles. Au contraire il est difficile pour divers raisons parmi lesquelles la hausse des prix des produits alimentaires. Un changement qui résulte de la hausse des prix du carburant. Le prix des produits de conserve comme la sardine a augmenté de 20% (il était estimé à 250 FC par boite et il en est à présent à 300 FC). Le prix du sucre qui était à 6.000 FC par sac de 50 kg est maintenant estimé à 7.500 FC. Le riz de luxe (appelé Basmati par les comoriens) qui coûtait 21.500 FC coûte à présent 22.500 FC. Quant aux produits alcoolisés et autres qui nuisent à la santé leur prix a été haussé au plus haut pourcentage. Ceci dans l’intention de décourager les pauvres gens qui en sont dépendants ou qui en consomment de façon abusive.

Mais les prix n’ ont pas fait qu’ augmenter. Le pétrole qui était estimé à 400F le litre lors de la hausse des prix du carburant a retrouvé son ancien prix c'est-à-dire 200F. Les produits pharmaceutiques ont eux aussi baissé de prix. Les commerçants sont en désaccord. Ceux qui n’avaient pas eu le temps de vendre leurs produits avant la hausse des prix refusent de les vendre aux prix actuels .Ils trouvent insensé de vendre leurs produits à bas prix alors qu’ils les ont dédouanés à des prix exorbitants. Ils réclament alors le droit de terminer la vente de ces produits avant de se soumettre aux exigences nouvelles. Leurs collègues qui ne sont pas dans la même situation ne cherchent pas à comprendre et s’opposent catégoriquement à ce qu’on leur accorde ce droit, prétendant que leurs marchandises à eux risqueraient de ne pas être achetées.

Ce n’est pas mieux à Volo Volo, le plus grand marché de Moroni. Les vieilles vendeuses de poissons ont trouvé là l’occasion de remplir leurs poches. Le poisson qui était estimé à 1.000 FC le kg est à présent à 1.500 FC, les ailes de poulet qui coûtaient 10.000 FC le carton sont à présent vendus à 10.750 FC. Il en va de même pour les produits vivriers. Les acheteurs n’ont qu’une question à la bouche: "Comment peut-on vendre aussi cher des produits qui viennent de notre terre, qui n’ont pas eu besoin d’être dédouanés ni payés pour quoi que ce soit ?"

Mais les vieilles vendeuses s’en défendent bien. La majorité d’entre elles, pour ne pas dire la totalité, viennent de la brousse. Elles répondent donc aux comoriens qui ne comprennent pas leur acte que les produits vivriers ne sont certes pas dédouanés, mais que le peu de bénéfice qu’elles gagnent dans leur commerce est vite envolé à cause des frais de taxi. A bien y réfléchir elles ont peut être raison. Quand on considère les frais de taxi qui ont augmenté de 33% (en ville le taxi était à 300 FC et à présent il est à 400 FC) on comprend mieux que les habitants des villages éloignés souffrent de ne pouvoir venir à la capitale. Surtout ceux qui viennent de la région de Mbadjini-Est où l’on payait 1.500 FC l’aller-retour et où l’on ne peut plus se rendre à moins d’avoir 2.000 FC.

Une autre question se pose: que vont devenir les pauvres universitaires qui font leur rentrée à la fin du Ramadan et qui, pour se rendre à l’université située à des kilomètres de la capitale, vont devoir payer 1.200 FC tous les jours? Pour certains parents cela va leur coûter beaucoup plus cher que s’ils leur payaient des études à l’étranger. En attendant, on n’est pas complètement sorti d’affaire. Nous vivons toujours sur la menace d’une nouvelle révolution. Les Comores n’ont pas fini de faire parler d’eux.

-- Badria, Chroniques Comoriennes

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